L’abbaye de Noyers entre dans la congrégation de Saint-Maur.

À la fin du XVIe siècle, les monastères bénédictins étaient tombés dans la désorganisation et le désordre, la règle était souvent appliquée avec laxisme.

Un moine de l’abbaye Saint-Vanne à Verdun dans la Meuse, dom Didier de La Cour de La Vallée (1550-1623), animé d’un esprit de réforme, souhaita restaurer la règle bénédictine dans toute sa rigueur originelle.
Élu prieur en 1598, il unit son monastère à celui de Moyenmoutier dans les Vosges et fonda en 1604 la congrégation de Saint-Vanne.

Un certain nombre de maisons françaises rejoignirent la nouvelle congrégation, mais comme la Lorraine était alors encore indépendante de la couronne de France, on jugea souhaitable de créer sur le même modèle une autre congrégation pour la France.

Les « Vannistes » ayant introduit la réforme dans quelques monastères français, une nouvelle congrégation autonome fut alors érigée.
Louis XIII donna son accord par lettres patentes datées d’août 1618.
Placée sous le patronage de saint Maur, disciple de saint Benoît qui, croyait-on, avait apporté en Gaule la règle, elle fut approuvée en 1621 par le pape Grégoire XV.

C’est la Congrégation de Saint-Maur.

La plupart des monastères bénédictins de France, à l’exception de ceux qui appartenaient à Cluny, rejoignirent peu à peu la nouvelle congrégation, qui atteignit son apogée dans les années 1690-1700 avec 190 monastères répartis en six provinces (France (Partie Nord), Normandie, Bretagne, Gascogne, Chezal-Benoit et Bourgogne).

La maison mère était l’abbaye Saint-Germain-des-Prés à Paris. Le Supérieur Général y logeait et c’était le centre de l’activité littéraire de la congrégation.

Le Chapitre général, réuni tous les trois ans, désignait l’ensemble des prieurs locaux pour au maximum deux mandats dans le même monastère.

C’est sur l’impulsion d’Emmanuel Martineau de Thuré, Abbé de Noyers de 1649 à 1659, que le monastère entra dans la congrégation de Saint-Maur.

Une première visite officielle eut lieu en 1652 par le père visiteur de Bretagne, mais il fallut attendre.
En 1657, le cellérier de Noyers alla tout exprès au chapitre général de la congrégation pour témoigner de l’empressement des moines  à recevoir les réformés.
Ce chapitre établit un concordat homologué le 30 octobre.
Le 5 novembre, il fut fait défense au prieur des anciens religieux de recevoir à l’avenir des novices. Mais l’introduction des mauristes ne se fit que deux ans après.

Le 6 avril 1659, dom Guillaume Fabien Guy, destiné à être prieur et dom Sylvain Marbeuf arrivèrent à Noyers et le lendemain, ils prirent possession du monastère.

Ils logèrent dans la chambrerie qui leur servit de dortoir, de réfectoire, de boulangerie et de cuisine.

Cette entrée chez les mauristes nous vaut d’avoir un témoignage matériel de l’abbaye de cette époque.
En effet l’année précédente, en 1658, la congrégation avait envoyé un moine architecte, dom Denis Plouvier, faire un état des lieux et dresser un plan du monastère.

Ces documents ont échappé à l’épreuve du temps et aux vicissitudes de la Révolution et se trouvent aux archives nationales.

Voir l’article consacré à la Congrégation de Saint-Maur sur Wikipedia. 

Plan de 1658 réalisé par dom Plouvier. Rez-de-Chassée. échelle 1/275. dimension 0.45m x 0.49m. Conservé aux Archives Nationales.
Plan 1658. "haut étage".

Maquette  échelle 1/25e,
réalisée en 2014 selon les plans de 1658 aux Archives Nationales  et le dessin du Monasticon Gallicanum de 1687,
par Jean-Claude Wiame.
 Elle a nécessité 500 heures de travail.
Visible à la mairie de Nouâtre.

Armoiries de la Congrégation de Saint-Maur. Image Wikipedia