L’histoire de Noyers nous est connue pour les premiers siècles par le cartulaire de l’abbaye. (voir chapitre cartulaire).

La pénurie de documents anciens, due au fait que l’abbaye a été maintes fois dévastée (invasions anglaises – guerres de religions), rend difficile l’écriture de l’histoire du monastère après le 12e siècle.

C’est souvent par le biais de textes épars qu’on peut trouver des informations.

Nous nous bornerons ici à relever les faits les plus marquants ou intéressants de l’histoire de l’abbaye, invitant les lecteurs les plus curieux à se rapporter au livre « Noyers de l’an mille à nos jours ». (voir bas de page « Les livres que j’ai publiés »)

La Pierre Fitte.

Une des premières chartes, datée de 1032, mérite d’être signalée. Elle évoque un menhir encore visible aujourd’hui, même s’il est maintenant couché.

Elle rapporte le don par Ganelon et sa mère Ersende de la « terre qui est entre les deux chemins vers le passage, terre qui est proche de la « Pierre Levée ».

Cette description, qui date de 10 siècles, a permis à Louis Bousrez de localiser les lieux dans son livre  « Monuments et mégalithes de Touraine »
Il considère que la pierre allongée sur le bord d’un chemin non loin de la route de Noyers à la Celle -Saint-Avant est bien la « Petra fixa » de cette charte.

Ce bloc de grès mesure 4,60 m de long sur 1,60 m de large et 0,80 m de hauteur, soit un volume d’environ 6 m3 et un poids estimé entre 12 et 18 tonnes.
                 Coordonnées : N 47.02250  et  E 0.57123  

Noyers et Saint Jacques de Compostelle.

En 1120. Le cartulaire de Noyers (charte 437) nous apprend que Pétronille, épouse de Pierre de Tébert, donne à l’abbaye tous ses biens situés à Antogny avant d’entreprendre le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle.

Cette Pétronille est depuis considérée par tous les spécialistes de Saint Jacques, comme la première pèlerine de Saint-Jacques.

Noyers et les Conciles.

L’Abbé de Noyers a toujours été un personnage important et en 1139, l’Abbé Hugues 1er Bernier, assiste à Rome au concile de Latran II.

En 1409, l’abbé de Noyers, Guillaume 1er fait partie des 300 hauts prélats de toute la chrétienté qui assistent, avec 24 cardinaux, au concile de Pise.

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Noyers, Richard Cœur de Lion, Aliénor d’Aquitaine.

Richard 1er Cœur de Lion porta intérêt à l’abbaye de Noyers, peut-être parce que son grand-père Aimery 1er, vicomte de Châtellerault y était enterré. La charte 494, datée par dom Fonteneau de 1136, nous dit que gravement malade, Aimery se fit amener à Noyers, qu’il s’y fit moine et décéda huit jours plus tard.
Quelques années après, en 1198, Richard 1er Cœur de Lion, alors Roi d’Angleterre, mais aussi comte d’Anjou, demande à son Sénéchal Robert de Turneham de prendre l’abbaye sous sa protection.

C’est sans doute à  cette occasion que fut frappé, aux armes de Richard Cœur de Lion, un linteau de porte ou de fenêtre qui se trouve aujourd’hui sur une grange de la rue Pierre Cantault. Ce linteau sur lequel, malgré le temps et un martèlement révolutionnaire ou des huguenots, est encore visible les deux lions affrontés, devait se trouver dans un bâtiment de l’abbaye, voire dans l’abbatiale et servit de pierre de réemploi après la destruction du bâtiment où il était posé.

En 1199, il n’est pas interdit de penser qu’Aliénor d’Aquitaine passa à Noyers.

Tombeau de Richard Cœur de Lion à Fontevraud

En effet, Richard Cœur de Lion, blessé grièvement le 26 mars 1199 au siège de Chalus en limousin, avait fait appeler sa mère Aliénor d’Aquitaine et elle était présente lorsqu’il rendit l’âme au soir du 6 avril, onze jours après sa blessure.

Les historiens pensent que malgré ses 77 ans, Aliénor réussit l’exploit de couvrir en quelques jours, avec son escorte, les plus de deux cents kilomètres qui séparaient Chinon de Chalus, arrivant même plusieurs jours avant le décès de Richard.

Si le voyage de Fontevraud à Chalus fut rapide, au retour le cortège funèbre fut sans doute plus lent.

Rien ne signale les villes traversées, mais le célèbre historien de la Touraine Pierre Leveel, pense que le convoi  emprunta les chemins du bord de Vienne, voire la rivière par barques. Le voyage mis au plus 17 jours puisqu’une charte d’Aliénor est datée à Fontevraud du 23 avril 1199.

Revenant par la Vienne, Aliénor passa donc devant l’abbaye et on peut penser qu’elle s’arrêta un moment, voire une nuit au monastère où était enterré son grand-père maternel.

 

Linteau de porte, rue Pierre Cantault à Noyers. Il est fortement martelé, mais on voit bien les deux lions affrontés.

Blason de Richard Cœur de Lion.

De 1189 à 1198, Richard Cœur de Lion, Roi d’Angleterre portait « de gueules aux deux lions affrontés d’or « 

À la fin de sa vie, il porta en 1198 et 1199  » de gueules aux trois léopards d’or « . Ce blason sera celui des Rois d’Angleterre de 1198 à 1340.